Douches Froides
Un film d’Antony Cordier
Avec Salomé Stévenin, Johan Libéreau, Florence Thomassin, Jean-Philippe Ecoffey, Aurélien Recoing, Pierre Perrier, Magali Woch…
Premier long métrage du jeune Antony Cordier, Douches Froides est un film comme on en voit peu dans le cinéma français, un film qui traite de l’adolescence, de la découverte du plaisir charnel, des sentiments, de leur évolution, de la condition sociale aussi.
Douches Froides raconte l’histoire de Mickael, lycéen et judoka et de sa petite amie Vanessa. Alors qu’emménage Clément, le fils du nouveau sponsor du club de judo de Mickael, les deux garçons vont devenir amis et former un étrange triangle amoureux avec Vanessa.
La famille de Clément est riche alors que celle de Mickael traverse une crise, ne pouvant plus assurer le paiement des factures, obligés de couper l’électricité par moments pour faire des économies. Une situation tendue que Mickael essaye tant bien que mal de mettre à distance de sa propre vie.
Très rapidement, on est saisi par l’énergie des jeunes comédiens, la force de Johan Libéreau, dont c’est le premier film et la générosité charnelle de Salomé Stévenin, qui captive la caméra, dont le sourire et le regard charment le spectateur.
Un couple apparemment idéal, fusionnel, auquel viendra se joindre un ami, plus qu’un ami, l’élément détonateur de la diffusion de l’amour et la perte de l’idéal.
Le jeune Mickael est tiraillé entre cette amitié qui le lie à Clément, à travers le judo, et sa petite amie qu’il partage avec celui-ci, sans pour autant songer un instant à la perdre. Vanessa elle, voluptueuse, charnelle, exprime ses désirs librement, se donnant aussi à Clément pour faire plaisir à Mickael, comme une preuve d’amour, même si elle le détruira finalement.
Antony Cordier saisit avec beaucoup de réalisme les tourments adolescents, les relations parents-enfants, la réalité sociale. Les dialogues sont simples et il laisse beaucoup vivre les comédiens à l’écran, leur donnant une liberté certaine. La scène d’amour sur le tatami, magnifique, concentre en elle ce que le film exprime, le trio amoureux, des corps qui se découvrent et qui jouissent, l’union d’amis qui se soutiennent et qui forment un tout.
Un film d’une rare justesse, ce qui est très rare dans le cinéma français lorsqu’il parle d’adolescence. Cordier lorgne du côté de Larry Clark ou Gregg Araki, voire de Ken Loach dans sa peinture de la famille de Mickael, au bord de la crise et qui renaît grâce au chômage du père, économiquement plus intéressant que le travail. Une réalité qu’il dépeint sans misérabilisme, en se contentant d’être simplement dans la vérité.
Le seul bémol du film est la photographie, parfois un peu sombre, mais cela ne vient pas entacher la grande qualité de l’œuvre.
Douches Froides est l’évocation du passage de l’adolescence et de ses tourments à une vie parfois plus adulte, toute aussi difficile. Là où les gens évoluent et changent. La douche froide est également cela, la dureté de la vie.
Arnaud Meunier
26/06/2005